LA SYLVOTHÉRAPIE AU CENTRE DE LOISIRS C’ÉTAIT COMMENT ?
L’association DEAM’BULLES VERTES a proposé deux journées de sylvothérapie en mars dernier pour les 3-10 ans. Martine Guillemet vous propose son retour sur ces journées riches en expériences, en développement de sens, découverte, écoute et jeux avec la nature !
Il y a différentes manières d’approcher avec les enfants la nature. Le projet construit avec le directeur du centre de loisirs et l’association Déam’bulles vertes aura été de vouloir faire profiter les enfants des bienfaits de la nature et des trésors qu’elle offre. Sans doute passons-nous sans voir les arbres, sans doute traversons-nous des parcs, des jardins, les forêts sans distinguer les couleurs, les formes, la diversité ? Sans doute ne prenons-nous plus le temps d’humer l’air et ses nuances ? Le contact avec la nature est devenu de moins en moins évident. Pour grandir, les enfants doivent s’imprégner de beaux et bons souvenirs. Pour respecter la nature, les enfants doivent vivre des expériences sensibles et intimes avec elle, la regarder autrement, l’apprécier à sa juste valeur ou hauteur d’enfant. Alors ils s’attacheront à elle parce qu’ils se diront « c’est possible ! ». « Construire des liens avec la nature dès l’enfance pour réinventer l’avenir » : un pari fou ?! Non le pari du centre de loisirs et de son projet éducatif, déterminé à faire que les enfants vivent du positif et de l’imaginaire, particulièrement en ces temps cumulés de confinement et de sécurisation sanitaire.
Certains scientifiques parlent de « Syndrome du Manque de Nature », tant de nombreux enfants sont éloignés d’un milieu naturel. Alors c’est quoi la sylvothérapie ? Connue pour les câlins aux arbres, cette pratique ancestrale va plus loin pour s’élargir à des invitations ludiques, créatives, énergétiques, culinaires, créatives en contact direct avec la nature. C’est s’autoriser à s’offrir du temps pour soi, réveiller nos sens endormis, se plonger dans l’instant présent, ouvrir notre état d’esprit vers la beauté et la contemplation. Car il n’est plus à démontrer oh combien la nature a des effets bénéfiques sur le bien-être physique, mental et émotionnel. Être à son contact, stimule la créativité, libère les tensions négatives et développe des capacités à vivre ensemble. Alors si en cette période particulière les enfants ne peuvent profiter de voyages, balades, sorties, c’est la nature qui est venue au centre de loisirs. Saisir positivement les restrictions sanitaires pour amener les enfants à partir dans une expérience sensorielle et ressourçante inhabituelle. Ainsi, deux journées ont été proposées qui ont rassemblées au total une soixantaine d’enfants âgés de 3 à 9 ans, tous volontaires.
La journée du 10 mars portée sur une pratique d’animation appelée « cré-nature » où l’objectif était que les enfants s’invitent à créer une « œuvre » en utilisant les éléments de la nature trouvés dans la cour de récréation de l’école annexée au centre de loisirs et d’autres apportés par l’animatrice-accompagnatrice. Un moment opportun pour apporter quelques connaissances contenues dans les trésors présents. Ainsi, les enfants, en fonction de leurs capacités ont-ils construit des personnages en tête de feuilles, des marionnettes aux bâtons de bois, des portraits loufoques aux cheveux de sciure de sapin ou aux nez de pommes de pin ou marrons.
Autant de formes inventives qui auront emporté les enfants dans leur imaginaire, dans un voyage conté grâce à Dame Nature.
Mais surtout ,nous retiendrons les propos suivants des enfants de tous âges : « c’est drôle de faire un portrait avec des marrons, pommes de pins, glands, des aiguilles de pins, des feuilles séchées comme on veut … », « j’aime bien toucher les marrons c’est doux et on dirait qu’ils nous parlent ! », « les samares ça ressemble à des ailes de papillon et j’en ai fait un que j’ai peins… j’adore les papillons ».
Autant de phrases qui méritent une attention profonde tant elles dégagent une sensibilité gagnée à la dextérité de leurs mains, au toucher de leurs doigts, à l’émerveillement dans leurs yeux des matières insolites. Une belle journée où la concentration, l’entraide, la curiosité, les questions auront fusionné avec la joie dégagée sur les visages des enfants. La journée du 17 mars portée sur l’approche sensorielle notamment la vue et le toucher. Ainsi, les enfants ont commencé par créer un appareil photos en carton décoré avec les matières récoltées dans la nature. Si au départ la surprise était de mise, progressivement les enfants sont rentrés dans le jeu du visuel en essayant de regarder autour d’eux ce qu’il y avait, en fixant d’une manière instinctive quelques objets de l’espace d’accueil. Mais la mise en place d’un parcours sensoriel à l’intérieur du centre de loisirs combiné entre parterre de marrons, feuilles écrasées, mousse, etc. aura comblé les petits de 3-4-5 ans, soucieux à chaque pose de pieds dans un cadre de prendre une photo et ainsi apprécié en photographie instantanée leurs pieds reliés aux différentes textures naturelles. L’après-midi, les plus grands auront sophistiqué leur appareil photo avec des bouts de bois servant de boutons déclencheurs ou caméras, orné leur appareil avec les éléments trouvés près du centre de loisirs ou apportés pour être les dignes héritiers des photographes de nature. Ensuite, les enfants de 6-9 ans auront testé leur appareil en combinant la finesse de leur regard avec une marche à l’aveugle : moment contemplatif des platanes de la cour, du sol granuleux et des bourgeons naissants.
Les deux journées se seront terminées par un conte connu « La part du colibri » qui invite les enfants à se questionner sur la solidarité et son rôle envers la nature et que tous pouvons à notre «petite » échelle contribuer à ce qu’elle soit protégée, aimée et respectée.
Nous retiendrons la phrase suivante : « on ne visite pas la nature, on l’habite » de Gary Snyder
Association DEAM’BULLES VERTES- Martine GUILLEMET- ACM Grigny- Mars 2021- Synthèse animations